Nouvelles pistes de recherche en psychiatrie, axes de développement pour l’intelligence artificielle, meilleure compréhension du développement cognitif… Les voies qu’ouvre l’observation des différentes formes de synchronisation intercérébrale sont nombreuses. Explications de Guillaume Dumas, professeur de psychiatrie computationnelle à l’université de Montréal.
Comment se sont développées les études sur la synchronisation intercérébrale ?
Je suis assez amateur d’archives scientifiques. Si l’on veut vraiment remonter loin dans le temps, on peut citer un article publié dans Science, en 1965, par deux chercheurs de l’université Thomas-Jefferson, à Philadelphie, qui s’intéressaient à… la télépathie. Ils affirmaient avoir démontré l’existence de la télépathie entre des jumeaux, en enregistrant leur activité cérébrale en électroencéphalographie. Les signaux enregistrés étaient réputés synchrones. Peut-être ce passé a-t-il nui à la recherche sur la synchronisation cérébrale, car on ne trouve ensuite presque plus trace de travaux visant à mesurer l’activité cérébrale de deux personnes en interaction, à l’exception de travaux menés dans le champ de la parapsychologie, où l’enregistrement simultané de l’activité cérébrale de plusieurs personnes a été utilisé. Il faut attendre ensuite les travaux de Read Montague (aujourd’hui directeur du centre pour la recherche en neuroscience humaine à l’université Virginia Tech), publiés en 2002, pour que la recherche sur la synchronisation cérébrale retrouve une assise scientifique reconnue. Ce sont ces travaux qui ont introduit le terme d’« hyperscanning », car le chercheur a eu recours à l’imagerie par résonance magnétique nucléaire (l’IRM, souvent appelé « scanner »), pour deux personnes en même temps.
Source et article complet : « L’étude de la synchronisation intercérébrale renouvelle le regard sur nos cerveaux » | Pour la Science