Voici le discours du Dr Laurent Mottron lors du lancement de son livre « Intervention précoce pour enfants autistes » qui a eu lieu le 28 juin dernier à l’Université de Montréal.
Tous mes remerciements à la chaire Marcel et Rolande Gosselin, à l’Université de Montréal et à Emmanuel Stip, qui soutient activement les travaux du groupe depuis son arrivée à la direction du Département. Merci aussi à Guy Rouleau, directeur du MNI, puisque les projets d’intervention et de neuro-imagerie du groupe sont inclus dans ses récentes initiatives sur le financement caritatif. Et surtout merci aux personnes autistes qui sont venues: qu’elles se reconnaissent dans ce travail est ma plus belle récompense.
Le contenu du livre doit d’abord à Michelle Dawson, même si elle n’est pas d’accord avec le fait de l’écrire maintenant, mais aussi à chacun des membres du groupe de recherche, et aux cliniciens avec qui je travaille au quotidien. Ce livre propose un nouveau cadre de pensée et de pratique pour l’éducation des enfants autistes, dans laquelle la science a une fonction de progrès et d’ouverture à une humanité plurielle, ce qui n’est pas toujours le cas en autisme. La décision de l’écrire est en effet partie de ma conviction que ce qui se fait actuellement en majorité en intervention, soutenu par des fonds publics et des engagements légaux, fait du mal aux autistes et ne leur fait pas de bien non plus. ‘‘It harms autistics’’, comme dit Michelle Dawson. Ces interventions sont scientifiquement non fondées, et il faut aller dans une direction totalement opposée, pour des raisons scientifiques, éthiques et économiques.
L’ambition de renverser la tendance actuelle dans l’intervention aux autistes en partant de leurs forces est démesurée, surtout à mon âge, avec la mort qui rode. C’est David contre le Goliath du mainstream, d’une science, et d’une entreprise, l’autism business, qui y résiste de toute leur inertie. Je l’ai pourtant fait, et en français pour savoir ce que je pensais profondément là-dessus, comme un camp de base pour lancer, à partir de ce livre, des raids dans l’univers anglo-saxon. Les choses sont bien parties, puisque l’accueil est favorable. J’ai ainsi reçu une invitation du président de la IACAPAP pour un article d’opinion destiné au public anglophone, qui lancera le débat.
Ce livre débouche directement sur des essais cliniques, que je souhaite mettre en place avec l’aide du CIUSSS du Nord, en relation avec un CIUSSS anglophone. Nous ferons cet essai dans la communauté, avec les vrais intervenants, et les vrais enfants. Si nous réussissons à mettre cela en place, nous aurons fait pour quelques centaines de milliers de dollars ce qui en prend normalement plusieurs millions. Et si c’est fait de manière scientifiquement valide, cela peut faire tache d’huile, au Québec d’abord, ailleurs ensuite. Dans cette affaire, l’engagement universitaire et institutionnel de l’Université de Montréal et du CIUSSS du Nord est essentiel pour la crédibilité de l’entreprise, et je vous remercie encore de votre complicité et de votre confiance.
Laurent Mottron