Récemment, un groupe de signataires, dont plusieurs sont proches de Pour les droits des femmes du Québec (PDF Québec) et de sa structure satellite Pour les droits des enfants du Québec (PDEQ), appelaient le ministre de l’Éducation à obliger le personnel scolaire à déplacarder, ou « outer », les jeunes trans à leurs parents. L’« outing » consiste à divulguer l’identité de genre ou l’orientation sexuelle d’une personne sans son consentement et est souvent utilisé comme technique d’intimidation envers les personnes 2STNBGD (bispirituel, trans, non-binaire ou de la diversité de genre).
Sous prétexte de faire valoir le droit de savoir des parents, ces signataires mettent à risque les jeunes trans. Ils et elles feignent de s’intéresser à la santé physique, sociale et psychologique des enfants, notamment en faisant référence à certaines études britanniques, alors que la majorité des recherches confirment l’importance d’une approche accueillant les questionnements d’identité de genre des jeunes.
Les fausses informations propagées dans cette lettre peignent un portrait inquiétant des transitions des jeunes alors que la réalité est tout autre. Il ne s’agit pas de forcer les jeunes à faire des transitions médicales, mais simplement de respecter leur identité et d’assurer leur sécurité. Maintenant que la primauté de l’intérêt de l’enfant sur toute autre considération, dont l’intérêt de ses parents, est un principe bien établi et inscrit dans la loi, pourquoi s’acharner ainsi à faire valoir le droit de savoir des parents ?
Savoir que les équipes-école sont là pour accueillir nos jeunes sans jugement, en leur permettant d’être qui elles, ils et iels sont, devrait nous réjouir. L’école ne devrait pas menacer les jeunes d’« outing », mais plutôt les accompagner dans l’ensemble de leurs apprentissages, y compris ceux relatifs à leurs identités.
De jeunes trans à la merci de l’acceptation de leurs parents
Obliger le personnel scolaire à informer les parents des questionnements ou de l’identité de genre de leurs enfants, c’est oublier que beaucoup de familles n’accepteront pas ces réalités et que cela risque d’exposer ces jeunes à divers types de violence. Deux jeunes trans ou non binaires sur cinq ont songé au suicide dans la dernière année, et un sur cinq a évité l’école au cours des cinq dernières années par peur de se faire harceler ou de voir son identité de genre être divulguée (Trans PULSE, 2021). Seulement 58 % des parents/tuteurs/tutrices des jeunes trans sondés ont verbalement manifesté respect et soutien à l’égard de l’identité de leur enfant. Rappelons que 65 % des jeunes 2STNBGD itinérants et itinérantes se retrouvent à la rue en raison du rejet de leur famille ou d’une fugue (Coalition des groupes jeunesse LGBTQ+, 2019).
Ces chiffres confirment que nous ne pouvons pas présumer du soutien parental à la maison. Lorsqu’une jeune personne 2STNBGD n’a peu ou pas de soutien de ses parents quant à son identité de genre, le soutien social à l’école devient crucial pour contrebalancer les conséquences négatives du manque de soutien parental.
Une étude réalisée en 2018 indique que « […] les jeunes transgenres qui ont pu utiliser le nom qu’ils avaient choisi dans plusieurs contextes ont signalé moins de symptômes dépressifs et moins d’idées et de comportements suicidaires » (Russell et coll., Journal of Adolescent Health, 2018). Par ailleurs, les jeunes personnes 2STNBGD qui peuvent compter sur le soutien d’adultes tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du noyau familial sont quatre fois plus susceptibles de déclarer avoir une bonne ou une excellente santé mentale (Être en sécurité, être soi-même. Résultats de l’enquête canadienne sur la santé des jeunes trans, 2015).
Source, article complet et signataires de la lettre : Opinion – Qui protège vraiment les enfants trans ? | Le Devoir