Le ministère des Anciens Combattants du Canada (ACC) voit ses coûts de remboursement du cannabis à des fins médicales (CFM) exploser depuis le lancement du programme en 2016. Ceux-ci passeront de 154 millions en 2021-2022 à plus de 300 millions d’ici 2026, selon un document du Ministère qui évoque une « croissance continue et exponentielle ».
Autre constat étonnant : une importante partie des autorisations accordées pour remboursement de cannabis à des fins médicales l’a été par seulement 11 professionnels de la santé.
« Un très petit nombre de professionnels de la santé (11) ont remis des autorisations à un pourcentage disproportionnellement élevé de vétérans ayant accès au cannabis à des fins médicales (plus de 6000, ou environ 40 % du total) », indique-t-on dans une note destinée au ministre Lawrence MacAulay* et obtenue en vertu de la Loi sur l’accès à l’information.
« Devant la croissance continue et exponentielle de la demande envers le programme de CFM, Anciens Combattants Canada devra gérer adéquatement les ressources et examiner l’efficacité de ses politiques et programmes », poursuivent les auteurs.
Un dossier très récent
Médecin-chef du Ministère, la Dre Cyd Courchesne rejette l’idée d’une perte de contrôle. Elle estime plutôt que le dossier est très récent et que l’organisme est en mode observation et adaptation.
« Nous tenons compte de ce que nos vérificateurs internes observent et travaillons étroitement avec Santé Canada et la communauté scientifique pour améliorer nos niveaux de connaissance et nous ajuster », dit-elle.
L’usage du cannabis à des fins médicales a été légalisé au Canada par décision de la Cour suprême en 2000. En 2015, le même tribunal en a élargi l’usage, jusqu’alors limité au cannabis séché. Or, dans ce dossier, la Cour suprême semble être allée plus vite que la science.
« Le cannabis a été rendu disponible à des fins thérapeutiques en escamotant le processus (normal) fait de plusieurs études cliniques et au bout desquelles Santé Canada approuve un médicament et reconnaît [son innocuité] », rappelle le Dr Didier Jutras-Aswad, professeur au département de psychiatrie et d’addictologie à l’Université de Montréal.
Depuis, des études ont été menées, mais il faudra attendre des années avant d’arriver à une conclusion scientifique quant à l’impact du cannabis à des fins médicales sur la santé des usagers.
« Les données scientifiques actuelles montrent que le cannabis peut avoir des effets thérapeutiques pour certaines affections très précises et pour lesquelles il y a eu des études cliniques en bonne et due forme », dit le Dr Jutras-Aswad en donnant en exemple les douleurs chroniques, les spasmes, etc.
Par contre, ajoute-t-il, il y a eu très peu d’études dites randomisées ou contrôlées où l’on compare le cannabis à d’autres interventions, dont un placebo.
Source et article complet La demande explose chez les vétérans – La Presse+