Le docteur Amyot est au Département de psychiatrie depuis 1971 où il commença comme professeur adjoint de clinique. Il est professeur titulaire depuis 1986. Il est devenu directeur du Département en 1980. Durant son mandat, il avait facilité un développement considérable de la psychiatrie académique au sein de l’Université de Montréal dans un contexte où la psychiatrie s’engageait dans la mouvance de la psychiatrie communautaire et de l’usage de la psychanalyse dans la compréhension de la psychopathologie avec des influences sur l’organisation des services.
Le docteur Amyot avait auparavant fait ses études de médecine à l’Université de Montréal. Déjà bâtisseur et engagé, il fut président de l’Association des étudiants en médecine de l’Université de Montréal. Il fut ensuite cofondateur de l’ARPUM, association des résidents en psychiatrie de l’Université de Montréal, qui est une organisation encore très active et un modèle pour d’autres universités.
Dans l’ouvrage publié en 2015 relatant les 50 ans de la psychiatrie à l’Université de Montréal, des propos inspirants du docteur Wilfried Reid ont mis en exergue la place du docteur Amyot au sein de notre développement; le docteur Amyot a déjà une feuille de route bien étoffée quand, en 1980, il devient directeur du Département universitaire où il assumera deux mandats.
Il vient tout juste de compléter deux termes comme chef du Département de psychiatrie à l’Hôpital du Sacré-Cœur de Montréal. S’inspirant des expériences des docteurs Lebovici et Paumelle, dans le treizième arrondissement de Paris, le docteur Amyot implantera au Pavillon Albert-Prévost un modèle de psychiatrie communautaire témoignant de sa conscience sociale. Comme directeur, le docteur Amyot a mis à contribution les hôpitaux du réseau universitaire en veillant à ce qu’ils soient représentés aux différentes instances du Département. De cette manière, ces milieux deviendront partie prenante à la prise de décision de même qu’à la réalisation effective des projets. La liste des projets ainsi réalisés pourrait être longue. Pour mémoire, mentionnons l’étude magistrale sur les effectifs psychiatriques au Québec, le mémoire du Département au comité Harnois et à la Commission Rochon, l’instauration de la journée annuelle de la recherche, la révision systématique du cursus à tous les niveaux, l’instauration d’une maîtrise en sciences cliniques, la journée annuelle des professeurs du Département, l’enseignement donné aux autres facultés et écoles, l’augmentation du nombre de postes de résidence en psychiatrie. Le docteur Amyot initiera une préoccupation nouvelle au Département, en prolongeant l’enseignement offert à la résidence. Il impliquera le Département dans la formation continue des psychiatres et des médecins généralistes. Dans ce cadre se tiendront de nombreux colloques dans les divers hôpitaux du réseau universitaire; ces colloques mobiliseront tantôt des collègues du Département, tantôt des invités étrangers tels Anthony, Siméone, Hochmann pour n’en nommer que quelques-uns.
Il a été rapidement formé en psychothérapie dans un profond enseignement des théories psychodynamiques et de leurs applications diverses. Le docteur Amyot a réussi à faire concilier la psychiatrie communautaire avec la psychanalyse et cela a eu des conséquences très importantes au niveau de la formation de psychiatre et de l’organisation des services au Québec. En ce sens, le docteur Amyot a également été dans des rôles de responsabilités cruciaux dans ses contacts avec le Ministère, les commissions de santé mentale avec ses relations avec les docteurs Bédard et Lazure, et bien évidemment le docteur Camille Laurin; ses trois derniers personnages ayant eu des engagements politiques et organisationnels fondamentaux pour la psychiatrie québécoise. Le rayonnement de la pensée de docteur Amyot s’est traduit par des ouvrages, dont un livre qui reste dans les annales « Psychiatrie – Psychanalyse, jalons pour une fécondation réciproque ».
Il avait, dans ses premières années de psychiatre et de professeur, établi des contacts importants avec des modèles européens comme la psychiatrie de secteur, sans hôpital, du 13e arrondissement dirigé par le célèbre docteur Paumelle, figure de référence dans la révolution psychiatrique des années 70-80.
Ainsi, le docteur Amyot s’est fait régulièrement inviter dans le monde de la francophonie, en particulier en France, avec des partenariats théoriques et pratiques avec l’École de Lyon dirigée par les docteurs Sassolas et Hochmann. Ce rayonnement du docteur Amyot de stature internationale lui a permis, dans la même veine, d’organiser un événement qui aura marqué la vie du Département de psychiatrie universitaire et la psychiatrie québécoise et qui était intitulé « la Quinzaine de Prévost ». À cette occasion, les psychiatres francophones venaient passer 15 jours au Québec et livraient une série de conférences et participaient à des échanges cliniques et académiques avec l’ensemble du réseau de Montréal et de Québec. À ces occasions, le docteur Amyot rédigeait un rapport synthétique et faisait une biographie et une recension des écrits de chaque invité ce qui donnait une perspective d’avancement des connaissances intégrant la lecture des écrits théoriques avec les échanges pratiques et des présentations cliniques lors des passages des invités. Ce modèle de développement professionnel continu et de transfert de savoir a longtemps été un modèle de réussite pour l’ensemble de la psychiatrie canadienne.
En ce qui concerne la psychiatrie québécoise et canadienne, le docteur Amyot s’est également engagé de façon très concrète dans la psychiatrie de régions éloignées. C’est ainsi qu’il a favorisé l’éclosion des équipes de santé mentale en Abitibi-Témiscamingue et dans d’autres régions périphériques. Il avait, de par sa notoriété et sa prestance, les capacités à réunir des équipes et encourager le développement d’une psychiatrie en région qui s’enrichissait de la pensée des milieux universitaires et ceci de façon continue. Le docteur Amyot assuma même la responsabilité du service des programmes de santé mentale au gouvernement provincial, lequel relève directement du sous-ministre adjoint aux programmes de santé, l’équivalent du poste occupé présentement par le docteur André Delorme.
En ce qui concerne la Faculté de médecine, le docteur Amyot a été directeur du Département de psychiatrie, membre de comités facultaires variés ainsi que membre de comités universitaires. Il est une source féconde d’idées et de recherche de solution auprès des acteurs de notre milieu universitaire comme en témoignait l’insistance des membres de la Faculté ou de l’Université à le réclamer dans ses différents niveaux de présence au sein des divers comités.
Le docteur Amyot a également eu une vie prolifique en tant qu’auteur d’articles et de livres au nombre de 3 dont le plus récent « Vivre avec un proche qui vieillit » fût publié en 2011, 14 chapitres de livres, 37 articles scientifiques.
Le docteur Amyot a également collaboré à des projets de recherche significatifs en recherche clinique et également en organisation des services avec des recherches subventionnées dans un domaine qui était à l’époque assez restreint en termes de l’obtention de subventions.
Le docteur Amyot a vu ses activités de clinicien de prestige, de penseur de la psychiatrie et de l’organisation des soins en devenant récipiendaire de nombreux prix :
1997 Prix d’excellence académique
2008 Prix Heinz E. Lehmann d’excellence en psychiatrie, le prix le plus prestigieux de l’Association des médecins psychiatres du Québec.
2011 Prix du développement professionnel
Il a supervisé de nombreux étudiants (N= 240) aussi bien dans le domaine de la psychiatrie au niveau externat et résidence, mais également en supervisant des psychothérapies de façon régulière pendant plus de 30 ans. Depuis une quinzaine d’années, il était une figure incontournable de la gérontopsychiatrie qui est désormais devenue une surspécialité au Collège royal du Canada. Son implication auprès des équipes en gérontopsychiatrie, et également auprès des patients et des familles, lui a valu des reconnaissances régulièrement démontrées soit par les plus jeunes générations, soit par le milieu des familles et des ressources.
À la fois pour son engagement en enseignement clinique multidisciplinaire, pour son rayonnement au sein de la francophonie, pour sa production de livres et de l’enseignement auprès de nombreuses cohortes d’externes et de résidents de gérontopsychiatrie, nous exprimons sans hésitation notre volonté qu’il puisse avoir la reconnaissance par un titre de professeur émérite pour son passage à notre Université et à notre Département.
Lors de la dernière assemblée départementale, le Département a remis solennellement au professeur Amyot un présent significatif. Il s’agissait d’un livre d’art prestigieux de VLB en édition de luxe, un ouvrage magnifique dont le tirage est limité à 260 exemplaires, abondamment illustré par plus de trente photos en majorité inédites, hors commerce, numéroté, doré sur tranches, avec boîtier estampillé or, autographié personnellement, sur celui que l’on appelait au Québec « Monsieur », en évoquant Jacques Parizeau qui reçut un doctorat honoris causa en 2014 de notre propre université. Le choix de ce cadeau offert à Arthur Amyot correspondait à la reconnaissance qu’on lui doit dans son engagement sociopolitique à l’égard de la psychiatrie.
En effet, je lui remettais ainsi ce cadeau car pour nous, Arthur Amyot est le « Monsieur » de la psychiatrie. C’est au tour de ce « Monsieur » de recevoir un titre de notre belle Université.
par Emmanuel Stip