« Placez les aiguilles à 11 h 10 », demande la psychiatre Virginie Doré-Gauthier, professeure au Département de psychiatrie et d’addictologie.
La septuagénaire met beaucoup de temps à accomplir la tâche. Elle finit par écrire 10 h 50
« Ça démontre qu’elle a peut-être des difficultés exécutives ou un début de démence », expliquera plus tard la médecin.
La scène n’aurait rien d’exceptionnel si elle se déroulait à l’hôpital.
Mais ce midi, c’est plutôt à L’Amour en action, un refuge pour itinérants d’une cinquantaine de lits ouvert durant la pandémie dans le sous-sol de l’église Saint-Rémy, à Montréal-Nord, qu’elle voit sa patiente.
La Dre Doré-Gauthier n’est pas une psychiatre comme les autres : elle soigne des sans-abri là « où ils se trouvent ».
Sa pratique est inspirée de celle de deux collègues d’expérience : les Drs Lison Gagné et Olivier Farmer, qui ont découvert, il y a environ 20 ans, une psychiatrie communautaire, à New York, où les spécialistes exercent dans les refuges, les centres communautaires et même les transports en commun. Ils ont adapté ce modèle au Québec en collaboration avec un grand refuge pour itinérants du centre-ville de Montréal.
« Dans un monde idéal, je n’aurais plus de bureau à l’hôpital », lâche la psychiatre qui est rattachée à l’Hôpital en santé mentale Albert-Prévost et membre de la nouvelle équipe de proximité en itinérance du CIUSSS du Nord-de-l’Île-de-Montréal.
Avec 4690 personnes sans-abri dans la métropole d’après le dernier décompte de l’itinérance « visible », on ne doit pas être surpris qu’il y en ait de plus en plus qui s’installent dans les zones résidentielles, loin du centre-ville, souligne la médecin. Elle œuvre dans Ahuntsic, Montréal-Nord ou encore Bordeaux-Cartierville.
Source et article complet : Le visage de l’itinérance a « vraiment changé » | La Presse