Le prix Heinz E. Lehmann d’excellence en psychiatrie remis à Dr Emmanuel Stip

25 octobre 2017

L’Association des médecins psychiatres du Québec a remis ses prix annuels lors de son congrès de juin.

Le prix Heinz E. Lehmann d’excellence en psychiatrie a été remis à Dr Emmanuel Stip du CHUM – Hôpital Notre-Dame.

La docteure Karine Igartua, présidente de l’AMPQ, a remis le prix Heinz E. Lehmann d’excellence en psychiatrie au docteur Emmanuel Stip lors du Gala du dernier Congrès au Château Frontenac à Québec. Le docteur Stip a improvisé son discours de remerciement étant dans l’impossibilité d’écrire en raison d’une carpectomie deux jours avant. Avouant qu’il préférait le Carpe Diem à la carpectomie, il s’est dit très touché de ce prix car il avait été marqué, il y a plus de 20 ans, du propos du Dr Lehmann  lors de la création de ce prix : l’éminent psychiatre, dont le docteur Stip fait la description lors d’un récent article sur l’introduction des neuroleptiques en Amérique du Nord avec celle de Roland Saucier, avait dit : « J’ai fait trois grands choix dans ma vie : celui de faire médecine et psychiatrie, celui de quitter l’Allemagne et enfin celui de m’installer au Québec à Montréal ». En le paraphrasant, le docteur Stip confia à l’auditoire qu’il avait aussi fait des choix cruciaux : celui de faire psychiatrie, sa résidence en psychiatrie à l’UdeM, de quitter la Vallée de la Loire pour La Vallée de L’Or, en Abitibi, au Québec et faire de la recherche à Montréal.

Il s’est dit honoré de recevoir ce prix prestigieux et quand il a lu récemment la liste des précédents récipiendaires, il a eu le plaisir de pouvoir côtoyer bon nombre des ses mentors : Pierre Lalonde, Yves Lamontagne, Jacques Montplaisir, Arthur Amyot, Fréderic Grunberg et bien d’autres.

Selon l’enseignement de docteur Lalonde, et bon élève, il a exprimé une « formulation de synthèse » pour se sentir à l’aise avec l’attribution de ce prix : facteurs prédisposants, précipitants et perpétuants.

Pour les facteurs prédisposants, il se souvient que ses grands-parents avaient des noms en France familiers au Québec : Guilbault, Marchand et Amyot, et qu’il était temps que lui aussi s’y rende.

Parmi les facteurs précipitants, il a nommé ses rencontres humaines en Abitibi, à Montréal à l’IUSMM, à Sacré-Cœur et au CHUM et les amitiés qui en ont découlé. Également à l’AMPQ et la psychiatrie québécoise, riche de sa singularité et de son pragmatisme intelligent qu’il avait déjà évoqués dans la préface du dernier manuel de psychiatrie le Lalonde et Pinard.

Pour les facteurs perpétuants, c’est la rencontre régulière avec ses patients  au quotidien, en clinique ou en recherche. C’est une source d’inspiration et de sens. Il en est de même avec ses étudiants et de la confrérie des psychiatres.

Il a fini par deux réflexions. Il se dit mal à l’aise quand on traite le Québec d’un pays fermé, rétrograde avec ses affirmations d’identité et ses aspirations. Pour lui, le Québec est l’inverse du recroquevillement et aujourd’hui on donnait un prix à un membre d’une minorité audible. En souriant, il évoquait de la liste les docteurs Grunberg et  Michel Lemay ; le premier est né à Alexandrie, le second est de Rennes, un breton. Il se disait ainsi flatter d’être le premier vrai français à recevoir  le  Prix Heinz Lehmann.

La seconde réflexion, sous forme de secret et de défi, c’est qu’il pense que les psychiatres sont des ornithorynques (platypus à McGill) pour diverses raisons d’identité et de formation. Et que depuis 20 ans, avec ses collègues psychiatres Jean-Michel Beau et Pierre Léouffre, ils doivent placer le mot ornithorynque partout sans que le monde s’aperçoive que c’est bizarre de l’énoncer ou l’écrire. Ainsi, il a déjà placé ce mot dans plusieurs conférences dont une fois à l’APA, au CPA, et devant le ministre docteur Couillard lors de la création officielle de la chaire de schizophrénie à l’UdeM. De nombreuses fois lors de réunions d’équipe cliniques ou administratives, personne ne devant s’en apercevoir sauf les initiés, et dans des articles scientifiques publiés dans des revues avec pairs et dans le Lalonde et Pinard. Il a invité l’auditoire du gala de l’AMPQ à se prêter au jeu et a donné RV au prochain congrès pour compter les points.

Le docteur Stip est psychiatre au CHUM, chercheur au CR-CHUM et IUSMM. Il a terminé son second mandat à la direction du département universitaire la semaine du Congrès de juin 2017. Auteurs de plus de 260 articles scientifiques, il a été directeur de la revue Santé Mentale au Québec