Le numéro Identités et orientations sexuelles de la revue Santé mentale au Québec est paru

13 janvier 2016

RSMQ40-3Éditorial
Acceptation, personnelle et sociale,  des identités et orientations sexuelles minoritaires et leurs impacts sur la santé mentale

Jean Caron, rédacteur en chef

Pour tout clinicien en santé mentale, la sexualité humaine et son importance pour le développement harmonieux et le bien-être ne sont plus à démontrer. Nombre de personnes consultant pour des symptômes d’anxiété ou de dépression ont à l’origine diverses problématiques reliées à leur sexualité et plusieurs autres consultent pour des problèmes directement liés à des dysfonctions sexuelles.

Ce numéro thématique « Identités et orientations sexuelles » pro-pose l’examen attentif de deux aspects de la sexualité humaine, soit l’orientation sexuelle et l’identité de genre. Bien que de façon générale, pour la majorité des gens, l’orientation sexuelle soit dichotomisée entre l’hétérosexualité et l’homosexualité, le lecteur découvrira par la présentation de modèles théoriques que les orientations sexuelles reposent sur plusieurs dimensions indépendantes qui peuvent ou non coïncider et comment elles se développent. Il en est de même pour l’identité de genre à savoir qu’est-ce qu’un homme ou une femme ? Question triviale a priori, mais qui revêt un caractère d’une complexité insoupçonnée. Des exemples et des explications sur la détresse engendrée par des difficultés d’acceptation, personnelle ou sociale, d’une orientation sexuelle minoritaire ou des problèmes reliés au développement des identités de genre vous seront présentés de même que les interventions qui semblent les mieux adaptées à ces problématiques.

Les orientations et identités sexuelles, comme la majorité des caractéristiques de l’être humain, sont façonnées par des dimensions sociales importantes et n’échappent pas au champ des forces sociales. Comme toute minorité, les personnes présentant une orientation sexuelle minoritaire font l’objet de discrimination et de stigmatisation. Vous pourrez ici en saisir l’ampleur et les conséquences sur elles et leur famille et constater que, malgré une certaine ouverture, beaucoup de travail reste à accomplir dans la société québécoise pour une intégration de tous ses citoyens, quelles que soient leurs orientations sexuelles.

Je vous laisse en compagnie d’experts pour vous guider à travers ce numéro, en l’occurrence Dre Karine J. Igartua, directrice du Centre d’orientation sexuelle de l’Université McGill (COSUM) du Centre universitaire de santé McGill (CUSM), professeure agrégée au Département de psychiatrie de l’Université McGill et présidente de l’Association des médecins psychiatres du Québec. Elle s’est adjoint une équipe de chercheurs et de cliniciens experts pour la rédaction de ce numéro thématique qui vous permettra de développer ou de parfaire vos connaissances. Sa présentation du numéro et son article d’introduction vous permettront de mieux délimiter les concepts abordés, d’appréhender le contenu précis de ce thème et enfin de connaître ses collaborateurs ainsi que leurs contributions.

Ce numéro thématique est complété par une mosaïque de trois articles. Le premier article, de Martin Deseilles, professeur et directeur au Département de psychologie de l’Université Namur en Belgique, s’intitule « Adaptation et neurosciences I : craintes, société, méthodologie, finalité ». Il explore les impacts des neurosciences sur de multiples aspects de la société, les craintes qu’elles suscitent et les limites inhérentes à leur développement.

Suit l’article de Benoît Poisson, psychologue formateur en bureau privé, intitulé : « Perspective biopsychologique systémique des émotions de base » qui décrit comment la colère, la surprise, la joie, la tristesse et le bonheur se développent dans des circuits neurohormonaux distincts et quelles sont leurs fonction et importance pour l’adaptation humaine.

Le chercheur ou clinicien francophone doit faire face à davantage de difficultés que ses collègues anglophones lorsqu’il s’agit de choisir des instruments de mesure fiables et valides pour effectuer une recherche ou évaluer de façon rigoureuse une personne ou un phénomène. En effet, la plupart des instruments de mesure ont été développés et validés en langue anglaise. Des variations culturelles entre populations de langues différentes rendent périlleuse la simple traduction d’un instrument. Sa validation dans une autre langue est un processus qui suit des étapes rigoureuses qui sont décrites dans plusieurs guides de traduction (Behling et Law, 2000 ; Caron, 2000 ; Bradley, 1994 ; Vallerand, 1989).

Depuis sa fondation, la revue Santé mentale au Québec a toujours été un lieu privilégié pour la publication d’instruments de mesure en santé mentale en langue française, et nous invitons les chercheurs francophones ayant réalisé un processus de validation rigoureuse à nous soumettre leurs articles. C’est dans cette perspective que vous avons le plaisir de terminer ce numéro par la présentation d’un article intitulé « L’enfant borderline en devenir II : validation préliminaire de l’Échelle de traits de personnalité limite pour enfants » de Michel Terradas, pro-fesseur au Département de psychologie de l’Université de Sherbrooke qui, en compagnie de deux de ses étudiantes, Mme Geneviève Dubé et de Mme Sophie Arsenault, présentent les étapes accomplies pour la validation en langue française du Borderline Personality Features Scale for Children (BPFS-C), instrument qui mesure les traits de personnalité limite chez les enfants de neuf ans et plus.

Bonne lecture.