Mot du directeur – décembre 2016

29 novembre 2016

Les spécialistes en maladies infectieuses et les psychiatres ont récemment perdu leurs élections aux États-Unis; les chirurgiens ont gagné.  Bref, tournons la page.

Des hommes, des femmes, des chaises-personnes (chairperson)

Nous avons vu, depuis une décennie, se transformer au sein de la Faculté de médecine la proportion des femmes dans le cursus étudiant et nous avons pu admirer le travail effectué par les femmes au sein de notre Faculté et de notre Université.  La vice-rectrice à la recherche est présentement une femme (Dre Hébert), notre doyenne est une femme (Dre Boisjoly), nos directrices de programme de résidence au Département sont des femmes, Sonia Lupien a été directrice du Centre de recherche Fernand-Seguin, Sylvie Belleville a été directrice du Centre de recherche de l’Institut de gériatrie de Montréal, Patricia Conrod est titulaire d’une chaire philanthropique.

Cependant, il existe des nominations cruciales pour l’avenir de la recherche au Canada qui sont les chaires de recherche du Canada, chaires fédérales qui permettent un leadership retentissant sur l’avancement du savoir scientifique et humain au sein de notre société. Il est très déstabilisant de constater un déséquilibre marqué entre l’attribution de ces chaires entre les hommes et les femmes.  J’ai pu obtenir le graphe suivant de la docteure Sonia Lupien qui est très évocateur.

Chacun pourra en penser ce qu’il veut, mais nous avons devant nos yeux un constat qui dérange et qui probablement reflète encore une timidité par rapport au progrès de notre société universitaire et académique à l’égard des plus au point de reconnaissance et du fonctionnement dans le champ de la science. L’équilibre n’est pas rompu car il n’existe pas encore!

Ceci n’est pas unique à l’Université de Montréal, mais certaines universités au Canada font mieux  que nous à cet égard.  Nous devons militer pour changer les choses et trouver les voies pour le dénoncer de façon constructive.

Des femmes de notre Département se sont encore une fois particulièrement illustrées cette semaine.  La docteure Amal Abdel-Baki a fait la une du journal Le Devoir en témoignant par rapport au lancement du programme ACESSS relié à l’aide apportée aux jeunes et aux itinérants en matière de santé mentale. http://www.ledevoir.com/societe/sante/485189/itinerance-soigner-la-detresse-mentale-un-jeune-a-la-fois

Il en est de même pour la docteure Patricia Conrod qui a vu son travail cité dans le rapport annuel du Chirurgien général des États-Unis qui est un médecin (amiral) qui présente régulièrement aux États-Unis un rapport sur l’avancement des soins.  Ce rapport traitait plus particulièrement des possibilités d’interventions préventives à l’égard de la toxicomanie.  La chercheuse Patricia Conrod y est une référence grâce à ses travaux de son programme « Preventure ». Un exemple dans un rapport admirable sur les addictions aux USA.  https://addiction.surgeongeneral.gov

Nous continuons régulièrement, malgré l’événement Matthew, notre mission d’enseignement en Haïti d’où je reviens après 2 semaines avec 2 résidents et Jean-François Pelletier, chercheur dans le domaine des patients partenaires.  Nous avons la joie de constater cette année que 4 résidents de cette nouvelle génération formée en Haïti vont être psychiatres dans quelques semaines/mois.  Nous avons également pu organiser un symposium au sein d’un grand colloque de l’Association des psychologues de l’ensemble des Caraïbes et ce symposium, sur l’implication de l’Université de Montréal dans la formation des résidents, a été un grand succès avec une salle plus que comble et des retombées dans les échanges très fructueuses.  À cet égard, une autre femme de notre Département nous a livré un texte à son retour elle-même de sa mission d’Haïti; il s’agit de la docteure Odette Bernazzani et ce texte de très belle qualité est déposé sur notre site web. https://psychiatrie.umontreal.ca/cooperation-internationale/dr-odette-bernazzani-haiti-cherie-regard-desperance-dela-de-ladversite/

Concernant Haïti, le comité exécutif du Département a pris la décision de former un comité officiel de coopération avec Haïti et nous avons nommé le docteur Hans Lamarre et la docteure Rosita Punti comme deux membres permanents de ce comité auquel seront adjoints prochainement d’autres membres.  Ils seront également en liaison avec la direction du programme de résidence et d’externat afin de rendre durable dans sa structure et son fonctionnement une mission qui engage notre Département pour longtemps.

Jean-François Pelletier, qui était également en Haïti, est à la base de la création d’un nouveau cours offert aux familles des patients et aux patients, des cours siglés (PST 1000, 1001 & PST 1100) intitulé «  Mentor de rétablissement en santé mentale, qui met à profit l’expertise du patient dans le processus de soins. » Ce module avec 3 cours offert aux patients et à leurs proches propose de «développer des compétences de communication et de relation d’entraide de niveau universitaire et en tenant compte de leur formation antérieure, de leur expérience professionnelle, de leur expérience du rétablissement, ainsi que de leurs objectifs personnels». Ceci est une innovation en matière de prise en compte de l’importance du patient partenaire et de la famille partenaire dans le transfert d’un savoir expérientielle dans le domaine de la médecine et de la psychiatrie.

Nous avons également, à la suite d’une discussion du comité exécutif du Département, nommé le docteur Didier Jutras-Aswad responsable du comité de toxicomanie avec la mission de maintenir le développement croissant de l’addictologie avec le volet recherche, enseignement et formation complémentaire avec le Collège royal (certificat), le nouveau cours siglé, le lien avec les programmes d’externat et du comité de résidence et de l’orientation du Département de psychiatrie. Il remplace désormais la docteure Conrod.

Je dois également vous informer qu’il est de plus en plus important pour les promotions au sein de notre Université que les membres du Département du corps professoral ou chercheurs qui veulent obtenir les niveaux d’agrégation, de titulariat où même de professeur adjoint puissent objectiver leur implication scientifique et de rayonnement à travers des indices plus objectifs.  Ceci est souvent non pas réclamé, mais utilisé explicitement ou implicitement par les membres qui jugent nos dossiers de promotion ou nomination.  Je souhaiterais que chacun des membres de notre Département qui arrivent vers ces niveaux de promotion ou de nomination puissent livrer leur Index H ou bien de façon plus conviviale s’inscrire sur ResearchGate pour y placer leur profil et leurs  publications.  C’est un outil qui est désormais largement utilisé par notre Département et également par les instances universitaires lorsqu’ils examinent le parcours. ResearcGate est très convivial.

Il y a d’autres plateformes comme Academia mais j’encourage vraiment tous les membres à utiliser l’une d’elles pour bien mettre en évidence leur implication significative.

Quant à notre manuel de psychiatrie Le Lalonde et Pinard, je vous rappelle qu’il doit être utilisé comme référence essentielle de notre enseignement. Pierre Lalonde est d’ailleurs passé ce dimanche aux Années Lumières de Radio Canada pour décrire l’œuvre. Brillant comme toujours! http://ici.radio-canada.ca/premiere/emissions/les-annees-lumiere

Pour finir, quelques suggestions de lecture importante que j’ai parcourue avec délice.  Le premier est sur l’utilisation des neurosciences en psychiatrie légale : Legal responses to neuroscience, Johannes Fuss,  Journal of Psychiatry and Neuroscience(2016;41(6))C’est un éditorial fascinant, montrant comment les données des neurosciences peuvent être utilisées pour les cas de comparution ou d’expertise  dans le domaine criminel et les inconvénients pervers que cela engendrent.

Le second est un court article très bien senti sur l’appellation des termes politically correct de troubles de santé mentale par rapport aux maladies psychiatriques.  Ce n’est pas un sujet neuf, mais il est bien résumé dans l’article d’un de nos collègues : What’s in a name? Reclaiming mental illness Dinesh Bhugra, Antonio Ventriglio, K S Bhui. The Lancet Psychiatry, vol. 3, no. 12, p. 1100-110). http://www.thelancet.com/journals/lanpsy/article/PIIS2215-0366(16)30232-2/fulltext

Bon Party de Noël !

 

Emmanuel Stip, décembre 2016